Tentive de folie en quatre cents kilomètres

Ça faisait plusieurs mois que je travaillais vers ce but. Hier, c’était le grand jour, j’ai essayé de parcourir 400 km en vélo.

Comment est-ce que ça a été?

Superbe matinée pour une longue virée.

Je me suis levé à 4h du matin, et j’ai enfourché mon vélo un peu avant 5h. C’était une matinée magnifique : le ciel était mauve, le calme plat, les oiseaux chantaient. Le prévisions météo m’annoncaient du vent du sud plus tard dans la journée, mais pour le moment il n’y en avait pas, alors tant mieux.

La première portion de mon trajet m’emmenait vers l’ouest, un très bon choix dans les circonstances avant l’arrivée des bourasques de vent prévues. D’ailleurs vers 7h30 il a commencé à venter, et il a rapidement augmenté.

Après environ 110 km, vers 9h j’ai fait mon premier ravitaillement à Almonte, où Dominique m’attendait. Après avoir rempli mes gourdes et mes réserves de nourriture, ajusté mes vêtements (il faisait plus froid à 5h et j’ai donc enlevé ma veste et remplacé mes « arm wamers » par des « sun sleeves ») et mangé quelques tranches de melon d’eau et une demie-banane, je suis reparti vers Merrickville.

Après être retourné un peu vers le nord-est, dans cette deuxième étape je me suis ensuite dirigé vers le sud, où j’ai eu un vent de face à 30 km/h avec des rafales à 40 km/h. J’ai bien tenté de moduler mon effort, mais d’un autre côté je voulais aussi en finir avec cette portion avec le vent de face rapidement puisqu’il allait en augmentant. J’ai commencé à sentir de l’inflammation dans mon genou gauche, et la sensation est rapidement passée d’un inconfort à une douleur. Il était environ midi, et le mercure grimpait tranquillement au-dessus de 25 C.

Quand je suis arrivé à Merrickville, j’était un peu découragé. Avec la douleur dans mon genou et la fatigue qui commencait à s’installer, je voyais mes chances de succès disparaitre. J’ai même versé quelques larmes de déception quand j’ai réalisé que si j’étais dans cet état à la mi-parcours, mes chances de succès étaient maintenant très faibles.

J’ai fait la même routine qu’au premier ravitaillement (remplissage des gourdes et des la nourriture, quelques tranches de melon, etc.), puis je suis reparti en me disant que je me rendrais jusqu’où je pourrait. Advienne que pourra.

Mais une fois le vent dans le dos, oh! Quelle différence! À cause de mon genou je n’arrivais plus à donner autant de puissance que prévu à mon coup de pédale, mais j’allais tout de même à un bon rythme.

Une heure ou deux après avoir traversé Kemptville, je sentais que je commencais à être déshydraté et j’ai tenté de bien planifier ma consommation d’eau (je transportais 4 gourdes) pour toute la boire avant mon prochain ravitaillement. Après quelques routes relativement passantes, je suis tombé sur des belles petites routes de campagne tranquilles, et ça a fait du bien au moral de m’éloigner des voiture et de retrouver les paysages de campagne.

Je suis arrivé à Saint-Albert pour mon troisième et dernier ravitaillement vers 16h. J’avais maintenant parcouru un peu plus de 300 km. La fatigue était déjà bien installée, j’étais au ralenti, mais les jambes tenaient bon. Mon épaule/deltoïde gauche commençait à me faire souffrir et je faisait fréquemment des étirements en roulant pour limiter cet inconfort, mais à part ça le corps tenait le coup. Dominique m’a aider à compléter ma routine parce que j’avais un du mal à bien réfléchir. Prêt pour la dernière étape, je suis reparti, vers la maison cette fois-ci. Si tout allait bien j’arriverais avant le coucher du soleil.

Oh que mon épaule me faisait souffrir… Je tenais souvent mon guidon à une seule main pendant que je bougeais mon bras gauche. Et mon derrière… la petite peau tendre était irritée, un fois de temps en temps je pédalais « en danseuse » pour me dégourdit mais j’était toujours triste quand je devais me rassoir sur ma selle…

Malgré tout, mes muscles continuaient à collaborer. Mon genou gauche avait apprécié la diminution de puissance pendant que j’avais le vent dans le dos, et je me disais que maintenant je prendrais ça aussi relaxe que nécessaire, mais que je me rendrais à la maison.

Le vent me ralentissait quand je devais aller vers l’ouest et j’étais en mode « résilience » : je fournissais une puissance constante que je planifiais pouvoir maintenir quelques heures encore, peut importe les conditions. En arrivant dans la ville j’ai fait un long bout sur le chemin Innes à Orléans, où j’ai souvent été arrêté à cause des feux de circulation, mais pour une section en ville l’accotement était large et propre alors ça a bien été. Quand j’ai quitté le chemin Innes, je me suis dirigé vers la promenade Georges-Étienne Cartier. À ce moment la certitude que j’allais réussir commencait à s’installer de façon de plus en plus solide. J’étais à moins de 50 km de la maison et à partir d’ici mon trajet serait principalement sur un belle promenade et sur des pistes cyclables.

Ma nourriture commençait à me lever le cœur, j’était vraiment tanné de manger, chaque 20 minutes, mes petites portions (barres et gels) qui me permettaient de maintenir mon niveau d’énergie, mais ça m’avait permis de tenir le coup. J’aime habituellement beaucoup les barres Fruit2, mais c’est un défi de taille d’apprécier quoi que ce soit si je dois en prendre aux vingt minutes pendant quinze heures!

J’ai pris la piste cyclable le long de la rivière des Outaouais jusqu’à Aylmer, puis je suis arrivé dans une section où je vais courir… quand je fais un trajet de moins de 10 km à partir de la maison : la fin était proche!

Il était presque 20h30 quand je suis arrivé à la maison, et Dominique m’a accueilli avec la musique du film Rocky! Haha! Je ne peux pas dire que je me sentais combattif à ce moment-là, mais ça m’a fait rire.

Quel défi. Ça aura été beaucoup plus difficile que je ne m’y attendais, et je ne peux pas décrire à quel point je suis content d’avoir réussi. Maintenant j’ai besoin de sommeil, de me réhydrater et de manger.

Voici un lien à mon activité sur Strava pour les détails du parcours : https://www.strava.com/activities/5524623482.

2 Replies to “Tentive de folie en quatre cents kilomètres”

  1. Christian Doyle dit : Répondre

    Bravo!
    Je me demandais bien pourquoi on ne voyait pas de trace de vos aventures en kayak ce printemps.
    Un jour je te raconterai une aventure « semblable » mais avec quelqu’un qui me coupait le vent devant moi.

    1. Salut Christian! Tu piques ma curiosité, j’ai hâte que tu me racontes ton aventure! J’ai d’ailleurs réfléchi longtemps à savoir si je voulais faire mon trajet accompagné ou non (ça aurait facilement pu être avec plusieurs personnes différentes pour des portions du trajet). Ça aurait certainement fait une grosse différence d’avoir l’aspiration derrière un autre vélo, mais après réflexion j’ai décidé de le faire seul. Toutes les étaient bonnes, c’était simplement un choix pour le vivre différemment que j’ai choisi de le faire seul. Je pense qu’un jour j’aimerais bien faire une distance encore plus grande, mais à parcourir sur une plus longue période, et probablement en vélo de gravelle (j’adore le vélo de route mais je préfèrerais être plus loin des voitures et des camion).

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